Violence conjugale et violence en temps de crise
Introduction
Je me présente, Shanie Roy. Je suis la personne responsable de la Partie III. Détentrice d’une maîtrise en droit du travail, je m’intéresse dans mes récents travaux et contrats de consultation au droit de la santé et de la sécurité du travail, plus particulièrement à la prévention des violences au travail.
Mon objectif est de vous transmettre les compétences et aptitudes nécessaires en matière de prévention de la violence en tant que risque du travail.
Pour agir dans un objectif d’élimination à la source des dangers, vous avez la responsabilité de bien comprendre les enjeux qui traversent les violences au travail. Dans l’écosystème de la violence au travail, vous allez devoir être en mesure d’assumer l’importance de votre rôle à titre de pilier des ressources humaines.
La semaine est structurée en six grands titres : Introduction; Mise en situation; Formation; Ressources à consulter; Autoévaluation formative et Pour conclure.
Objectifs
Les activités d’apprentissage vous permettront de mobiliser vos compétences transversales et de faire un transfert des notions étudiées dans un contexte de transformation du régime de santé et de sécurité du travail au Québec.
Plus spécifiquement, vous serez en mesure :
- d’identifier les spécificités de la violence conjugale;
- de reconnaître les impacts de la violence en temps de crise;
- de vous appuyer sur les textes de loi pour prévenir les formes de violence.
Mise en situation
Nous vous présentons un témoignage de violence conjugale au travail. Comment réagissez-vous face à cette forme de violence?
La violence conjugale et le milieu de travail (1 min 34 s) (Canadian Labour Congress)
Prenez connaissance de cette mise en situation fictive dans laquelle quatre personnes sont impliquées et posez-vous la question suivante : Quels sont les signes qui témoignent de violence conjugale? Vous pourrez élaborer votre réponse lors de l’autoévaluation.
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L’histoire d‘Émilie
Émilie, employée
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Je m’appelle Émilie Saint-Pierre. Je travaille comme adjointe administrative depuis 5 ans chez Viandes Plus. Dans les derniers mois, ma vie conjugale est plus tendue qu’avant. Aussi, j’ai des symptômes dépressifs et je m’isole davantage. En raison du côté jaloux de mon conjoint, celui-ci surveille souvent mes communications et préfère que je ne participe pas aux 5 à 7 du bureau. Il dit qu’il m’aime tellement qu’il veut me garder pour lui.
Récemment, je lui ai annoncé que j’étais moins heureuse dans notre couple. Après ça, il a voulu se faire pardonner, et il m’a traité comme une reine. Mais, depuis deux semaines, il recommence à être plus possessif. Il va même jusqu’à appeler fréquemment au travail pour vérifier mes allées et venues. Il y a quelques jours, je lui ai dit que je songeais peut-être à le quitter. Il a explosé de colère et j’ai dû me réfugier chez une amie. J’ai contacté ma patronne pour lui dire que j’étais très malade, mais elle doit se douter de quelque chose…
Après avoir parlé à mon amie, j’ai compris que j’étais dans une situation de violence conjugale. Avec hésitation, j’ai décidé de téléphoner à ma patronne pour lui dire la vérité. J’étais tellement heureuse qu’elle soit à l’écoute et dans le respect. Elle m’a parlé d’un programme avec des mesures en cas de violence. J’ai pu en bénéficier et on m’a référé à des ressources. Même si ce n’est pas toujours facile d’aller de l’avant, je suis très contente de pouvoir compter sur mon employeur dans ce processus. C’est important que je puisse être protégée de la violence, même au travail!
L’histoire de Maria
Maria, superviseure
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Je m’appelle Maria Gomez. Je travaille comme gestionnaire dans le bureau administratif de l’entreprise Viandes Plus depuis plus de 20 ans. J’en ai vu des choses dans ma vie. J’étais une des premières femmes immigrantes à travailler dans cette entreprise. J’ai gravi chaque échelon dans cette entreprise.
Je suis assez alerte. J’ai de l’expérience. Depuis quelques mois, je voyais bien que mon adjointe Émilie n’allait pas bien. Elle m’avait elle-même confié que ça n’allait plus avec son conjoint. Elle avait maigri et semblait anxieuse.
Au départ, je trouvais qu’on allait trop loin en voulant aborder ce problème considéré comme privé, mais mon opinion a évolué. Quand ça touche une personne près de toi ou dans ton milieu de travail, tu sais, une personne que tu côtoies tous les jours et que tu l’apprécies, bien tu te dis que tu ne peux pas rester là à ne rien faire. On a tous une responsabilité pour faire cesser la violence. La reconnaissance légale de la violence conjugale ou sexuelle en santé et sécurité au travail, ça permet justement d’offrir au personnel le soutien nécessaire. En plus, la prévention de ces violences apporte des bienfaits concrets pour l’organisation.
Grâce à de la formation et à un suivi, j’ai pu intervenir adéquatement auprès d’Émilie. Je sais qu’il faut être ouverte et respectueuse tout en étant à l’écoute de ses besoins. J’ai pu mieux comprendre la dynamique de la violence conjugale. J’en retiens que les victimes tentent légitimement de reprendre le pouvoir sur leur vie. Je connais également les bonnes ressources d’aide. Aujourd’hui, je suis vraiment satisfaite de voir Émilie continuer de s’épanouir et d’être parmi nous.
L’histoire de Samia
Samia, directrice des ressources humaines
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Je m’appelle Samia Mansour. Je suis la directrice des ressources humaines chez Viandes Plus depuis 2008. L’entreprise emploie 225 employés. Je m’occupe de la gestion des ressources humaines et de l’organisation du travail dans cette entreprise.
Depuis le 6 octobre 2021, la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) prévoit une obligation pour les employeurs en cas de violence au travail. Cette nouvelle responsabilité, ajoutée à l’article 51 de la LSST, oblige les employeurs à prendre les mesures nécessaires pour assurer la protection du personnel exposé à une situation de violence physique ou psychologique, dont une situation de violence conjugale, familiale ou à caractère sexuel.
Pour nous conformer à cette modification et agir avec diligence, nous avons intégré les risques de violences conjugales et sexuelles dans notre programme de prévention. De plus, nous avons adopté une politique de travail à cet effet. D’une part, la politique prévoit l’identification et l’analyse des risques liés à la violence conjugale ou sexuelle. D’autre part, elle comporte l’application de mesures et d’actions visant l’élimination de ces risques.
Avec l’aide du syndicat et aussi grâce à la participation du personnel au sein du comité de santé et de sécurité du travail, la politique s’est inspirée des meilleures pratiques. Pour ce faire, nous avons mobilisé des ressources externes spécialisées. Cette association a permis d’améliorer durablement nos pratiques. Je suis ravie d’avoir collaboré à un objectif commun : offrir un milieu de travail sécuritaire pour les victimes de violence conjugale. Dans cette politique, il y a un clair positionnement contre la violence conjugale ou sexuelle.
L’histoire de Sébastien
Sébastien, représentant syndical
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Je m’appelle Sébastien Tremblay et je suis représentant syndical, volet santé et sécurité du travail, chez Viandes Plus depuis déjà 10 ans. Je suis bien content du nouveau volet dans le programme de prévention qui vise à lutter contre la violence conjugale ou sexuelle et à protéger le personnel.
Grâce aux revendications féministes, la prévention des violences faites aux femmes et la protection des victimes sont maintenant reconnues comme des responsabilités de l’employeur. Cet ajout aux obligations de l’employeur facilite la collaboration entre les parties. Il est ainsi plus aisé d’instaurer de bonnes pratiques en prévention sur ces enjeux. Au-delà d’un meilleur soutien aux victimes, ce changement leur offre une défense contre les discriminations directes ou indirectes au travail.
On a sensibilisé les membres du personnel en offrant de l’information et de la formation. Ensuite, on a ciblé les gestionnaires et les responsables des ressources humaines afin de les outiller. On peut dire que notre milieu de travail est devenu plus alerte aux signes de violence et apte à intervenir. Par exemple, on est capable de mieux évaluer les risques et de mettre en place des mesures de sécurité, comme aménager le poste de travail ou l’horaire d’une victime. Je retiens également qu’il est important de suivre le rythme de la personne et de respecter la confidentialité.
On s’engage à ne pas prendre de mesures disciplinaires envers les victimes et à maintenir le lien d’emploi. On offre les deux jours de congé rémunérés prévus par la Loi sur les normes du travail, mais on offre aussi des congés rémunérés pour tous les rendez-vous nécessaires aux démarches de la victime. Bref, on fait ce qu’on doit faire pour vraiment intervenir en matière de violence, puis pour permettre aux victimes de s’en sortir.
Formation
Dans la section suivante, la formatrice décrit les spécificités de la violence conjugale et aborde la violence en temps de crise.
Pour consulter le contenu de formation de cette semaine, cliquez sur le titre suivant :
Violence conjugale et violence en temps de crise
(Shanie Roy, 2022)
Ressources à consulter
Les lectures et les pages des sites proposés vous permettent d’approfondir vos connaissances en matière de violences conjugales.
Note. Ces ressources sont incontournables pour assurer votre réussite.
Afficher les ressources
La violence conjugale au travail (2020)
Violences externes ‒ RPS et crise sanitaire (2 min 54 s) (AIPVR ‒ Santé au travail Valence)
Autoévaluation formative
Cette activité d’autoévaluation formative proposée vous permettra d’obtenir une rétroaction significative sur votre niveau de compréhension et le niveau de développement de vos habiletés et de savoirs du sujet à l’étude. À la fin de l’activité, vous serez apte à intervenir et à promouvoir une maternité sans danger dans les milieux de travail selon ce qui est prescrit par Loi sur la santé et la sécurité du travail du Québec.
Cliquez sur ce lien pour commencer l’activité d’autoévaluation formative.
Les questions et les pistes de réponses vous sont présentées par l’entremise de l’outil de la plateforme qui ressemble au test en ligne. Cependant ici, il s’agit d’une autoévaluation formative (non notée) et de rétroactions constructives avec des pistes. Vous pouvez la refaire aussi souvent que vous le souhaitez; votre dernière version de réponse sera la réponse sauvegardée.
Soutien de la réussite
Pour les étudiantes et étudiants inscrits, si un doute persiste après avoir terminé l’activité de formation, vous avez plusieurs moyens à votre disposition pour communiquer une question ou échanger avec le personnel d’encadrement ou vos pairs.
Interaction individuelle
Vous avez toujours l’option d’écrire un courriel à la personne responsable de votre encadrement. Dans votre message, identifiez-vous. Vous devez préciser à quel contexte ou à quelle notion vous faites référence avant de poser votre question. Vous pouvez aussi suggérer un mode de communication et quelques plages horaires pour ce retour de réponse.
Pour conclure
Cette semaine du cours RIN 1013 vous a permis de mieux comprendre la problématique de la violence conjugale et ses effets et de mieux la prévenir à partir du milieu de travail. Vous avez pu constater que les actions préventives menées en organisation permettent d’être préparé à l’éventualité qu’un membre du personnel en soit victime ou auteur et d’identifier plus efficacement ce type de situation dans leur vie personnelle. Vous savez maintenant pourquoi il est important de sensibiliser les employeurs et les employés à cette problématique de la violence conjugale. Souvenez-vous que la sensibilisation de l’équipe de travail peut faire toute la différence dans la diminution des répercussions de la violence conjugale sur leur santé, moral et rendement.
Références bibliographiques (APA) des ressources
Comité politique de travail en violence conjugale (2022). Les signes de violence conjugale au travail. Trousse d’accompagnement pour les entreprises, les syndicats et les membres du personnel. Section 5. violenceconjugaleautravail.com