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Bloc 3 | Étude de cas | Nouveau-Brunswick Cocagne et Grande-Digue

Vue satellite des districts de services locaux de Cocagne et de Grande-Digue

Comté : Kent

Statut municipal : Districts de services locaux

Population : 2 545 hab (38 hab./km2) pour Cocagne, 2 182 hab (47 hab./km2) pour Grande-Digue

Superficie : 66,43 km2 pour Cocagne, 46,04 km2 pour Grande-Digue

Langue : français, minorité anglophone

1. Contexte

Le territoire à l'étude se situe dans le bassin versant de la rivière Cocagne, qui se subdivise entre la partie riveraine, le havre et la baie. La gouvernance du territoire est partagée par trois districts de services locaux (DSL): Dundas, Cocagne et Grand-Digue. Le DSL de Dundas occupe l’arrière-pays, donc le bassin versant de la rivière Cocagne

Les DSL de Cocagne et Grande-Digue occupent les deux rives de la baie de Cocagne et la presqu’île du Cap de Cocagne. Ces deux DSL côtières, ouvertes sur le havre et la baie de Cocagne vivent intensément les impacts de l'érosion côtière et de la hausse du niveau de la mer.

Le village de Cocagne est situé sur une pointe à l’entrée du havre de Cocagne à l’embouchure de la rivière patronyme. Le havre de Cocagne communique avec le détroit de Northumberland à travers le chenal entre le Cap-de-Cocagne et l’Île de Cocagne ainsi qu’au nord de celle-ci. Le havre de Cocagne est bordé de plages de sable, de plages de galets, de falaises et de différents milieux humides : tourbières, milieux humides forestiers (incluant les cédrières), terres humides arbustives, marais d’eau douce et d’eau salée. Le bassin versant de la baie de Cocagne comprend une vingtaine de tourbières de plus de 25 hectares. Le marais de Cormierville au nord de la baie est désigné comme terre humide d’importance provinciale dans le cadre du programme des habitats du ministère des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick (PHMRNNB).

Deux îles côtières sont situées dans le havre de Cocagne : l’île de Cocagne (qui fait cependant partie du DSL de Dundas) et la plus petite île Surette (Treasure Island). L’île de Cocagne est une des rares îles inhabitées de la côte du détroit de Northumberland et est reconnue pour son paysage unique, qui comprend des habitats de grande valeur écologique, dont des terres humides, des vasières, un cordon sablonneux, des dunes, des plages, des falaises de grès et des zones boisées. L’île Surette abrite 56 résidences et est reliée au continent par une chaussée.

Grande-Digue est un village acadien situé dans le nord de la Baie de Shédiac, sur le détroit de Northumberland. Elle fait face à l’île de Shédiac, qui fait également partie du DSL de Grande-Digue. Fondée en 1778 comme première paroisse de la région, Grande-Digue est située sur le territoire historique des Mi’kmaq. Sa situation géographique en fait un lieu de villégiature très apprécié. La population double durant la période estivale. La Baie de Shédiac est considérée par Environnement Canada comme un des endroits les plus menacés par l’érosion sur la côte du Nouveau-Brunswick. De nombreuses propriétés sont protégées par des enrochements. Néanmoins, les tempêtes exceptionnelles peuvent causer d’importants dégâts. En janvier 2000, le quai de Grand-Digue a été presque entièrement détruit par les empilements de glace (Figure 1 ).

Figure  1 . Empilement de glace sur la digue de Cap-des-Caissie (Grande-Digue). 

Source : Environnement Canada, 2006.

La population permanente de Cocagne et Grande-Digue a connu une augmentation marquée depuis les années 1970 en raison de la villégiature. L’économie des deux DSL est très variée. Le tourisme et la villégiature y sont fort développés, étant donné sa situation fort avantageuse sur la côte, mais néanmoins à proximité du Grand Moncton, de Shédiac et de Bouctouche. Il y a deux marinas et quatre quais de pêcheurs sur le territoire des DSL : marina de Cocagne, marina du Cap de Cocagne, quai du Cap de Cocagne, quai de Cormierville, quai de St Thomas et quai de Grande-Digue. L’agriculture, ainsi que les biens et services, jouent un rôle important à Cocagne et dans l’arrière-pays, en particulier dans le DSL de Dundas.

Figure  2. Territoire d’étude DSL Cocagne, DSL de Dundas et DSL Grande-Digue Nouveau-Brunswick

Source : Elmo Bastarache-Commission d’aménagement du District de Kent, février 2012

Les tempêtes récentes et l’érosion ont causé des dommages importants dans la région de Cocagne. La tempête du 21 décembre 2010 a mis en évidence la vulnérabilité de certaines infrastructures le long de la côte, à l’instar des routes.

Figure 3. Dommages causés par la tempête de 2010.

Source : Photographie de Nicolas Bastien (2010)

2. Projet de recherche

Le projet d’adaptation au changement climatique mené en 2009-2012 visait à fournir un appui à la prise de décision envers l’adaptation à l’érosion et autres impacts du changement climatique et de la montée du niveau marin dans la région rurale desservie par les DSL de Cocagne, Grande-Digue et Dundas. Il découle des travaux antérieurs effectués par des chercheurs de l’Université de Moncton en collaboration avec les Ministères de l’Environnement et des Ressources naturelles, et avec différentes municipalités ou DSL.

Lors des séances de validation des données effectuées par les groupes de discussion, plusieurs observations des résidents ont pu être notées par rapport à la hausse du niveau de la mer :

  • « Diminution de la hauteur de la crête des dunes, plus de brèches dans la côte, plus de pluie et de ruissellement. On peut voir les effets du ruissellement, exemple de la plage à Cap-des-Caissie… »
  • « Il y a de la sédimentation au bout du quai de Cap-Cocagne, ça varie d’une année à l’autre.  Y’a les chemins abandonnés dans la section au Nord-Ouest (rivière de Cocagne) … »
  • « Ça s’érode beaucoup devant la maison, 30 pieds depuis 1975, l’herbe est toute partie… ».
  • « La tendance est à l’érosion de la côte, cependant, j’ai remarqué l’avancement de la dune de l’île de Cocagne. »
  • « L’érosion est de plus en plus fréquente.  La falaise chez moi a perdu 2 pieds depuis 6 ans.  Le gel et le dégel sont de plus en plus fréquents, ils accentuent l’érosion et brisent les structures stabilisatrices. »
  • « Je pouvais voir les dunes de chez moi voilà 30 ans à Pointe-Cormier et le mur de roche que nous avons mis y’a 30 ans n’est déjà plus efficace. »
  • « La rivière est en train de rétrécir, elle se remplit de sédiment en aval du pont de la 115. C’est à cause des coupes de bois, je pense… Et je ne peux plus pêcher de coques ! »

3. Plan d’adaptation (préliminaire)

Les communautés de Cocagne et Grande-Digue ont identifié les sites les plus vulnérables aux ondes de tempête le long de la côte et prioritaires, compte-tenu de leur importance pour la sécurité et le bien-être des communautés :

  1. Toutes les sections de la route 535 qui sont situées directement sur le bord de la mer, y compris les ponts des ruisseaux Goguen et Howard.
  2. Lover’s Lane
  3. Les quatre coins du pont de la route 134 traversant la rivière Cocagne afin de protéger l’accès aux commerces (priorité aux commerces fournissant des produits essentiels – épicerie et poste à essence du côté nord)
  4. Le pont de l’autoroute 11
  5. Chemin vers Treasure Island
  6. Marais de Cormierville (sanctuaire d’oiseaux)
  7. Quai de Cormierville
  8. Marina du Cap-Cocagne

Les communautés jugent important d’avoir plus d’informations scientifiques et géomatiques sur ces zones.

En ce qui concerne l’adaptation, plusieurs solutions dans les trois catégories de protection, d’accommodation et de retrait sont évoquées :

  1. Protection
    • Un système de digues élaboré conformément aux prédictions du GIEC.
    • Clôtures positionnées en angle - exemple de Cap Bimet –projet pilote (Maltais, UdeM).
  2. Accommodation
    • Monter les bâtiments sur pilotis.
    • Élever la route.
  3. Retrait
    • Déplacer la route plus à l’intérieur des terres.
    • Déplacer les bâtiments trop près de la mer et créer un fonds pour financer en tout ou en partie cette mesure.
    • Un programme du genre « Buy me out » où le gouvernement rachète les propriétés à risque (non soutenu par le Ministère de l’Environnement).

Les communautés se posent cependant des questions quant au soutien institutionnel et technique pour mettre en œuvre les recommandations. Elles se demandent aussi quel sera l’engagement financier pour soutenir les efforts des communautés.

La question de la gouvernance a aussi été évoquée puisque plusieurs participants ont manifesté la volonté de voir le territoire se doter d'un gouvernement local pour mieux se prendre en charge ainsi que la protection du territoire, tandis que d’autres sont contre la municipalisation de leurs DSL, pour ne pas perdre certains privilèges reliés au statut de DSL et éviter une augmentation des taxes municipales. En conclusion, une majorité de la population a voté en faveur à Cocagne, et la communauté rurale de Cocagne a été enregistrée en 2014. À Dundas, en revanche, le vote s’est terminé par une rare égalité, 420 votes des deux bords, de sorte que la communauté rurale de Notre-Dame n’a pas vu le jour, puisque cela aurait nécessité au moins une voix de plus en faveur.

Vidéos

Réal Daigle (45 secondes)
 

Verbatim

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Réal Daigle

On a publié des cartes basées sur des modèles d'élévation de terrain basés sur l'IDA. Donc, on a pu démontrer aux gens, aux communautés, aux municipalités, etc. Dans les zones du littoral, combien les tempêtes affecteraient leur secteur dans le futur. Et l'on a pu leur démontrer aussi, justifier la tempête de 2000. Est-ce que la modélisation est bonne ? On a pu aller approcher des gens et leur dire « Regarde, notre modèle nous dit que votre propriété était inondée à ce niveau-ci, à ce point-ci. » Est-ce que c'est vrai ? Les gens ont pu nous confirmer « Oui, c'est vrai ». Alors là, on avait confiance dans le modèle et à partir de ça, on a pu faire des scénarios pour le futur.

Météorologiste et gestionnaire de projet à Environnement Canada et présentement consultant en environnement (Daigle Enviro)

Liette Vasseur (30 minutes), professeure, Brock University
 

Verbatim

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Vidéo 1

Liette Levasseur

Quand on parle d'adaptation, je pense que pour moi, l'adaptation veut dire un ajustement, c'est un processus. Il ne faut pas penser que c'est un point final. Souvent, les personnes pensent que c'est une condition permanente, mais ce n'est jamais une condition permanente parce qu'on est obligé toujours de s'adapter. Tout aspect sur Terre doit s'adapter. C'est la même chose pour l'humain. L'humain, c'est plus complexe parce qu'on a toutes nos parties sociales, culturelles, émotionnelles et autre qui font en sorte qu'on influence aussi notre environnement. Mais il faut savoir comment on répond à ces conditions-là ? Comment on répond aux conditions de l'environnement de façon à ne pas nuire à l'écosystème et en même temps de pouvoir s'ajuster, s'adapter, et répondre aux variations de l'environnement que ça soit du changement climatique, que ça soit autre, parce qu'on doit s'adapter ? Il y a toujours eu des changements, donc c'est juste une question à pouvoir aller plus loin avec ça.

Orateur 2

Si vous aviez à définir maintenant la notion de « résilience », est-ce que vous vous considérez, résiliente, vous ?

Liette Levasseur

Résilience, c'est beaucoup plus complexe. Je sais que c'est un terme qui rend le monde très confus, parce qu'on pense à la résilience au niveau... Souvent plus de « on est solide, on est solide, on est solide », mais en fin de compte, c'est beaucoup plus compliqué que ça. C'est une question, encore une fois, c'est un processus dynamique. La résilience, c'est quelque chose qui se forme petit à petit. Ça peut être des petites étapes seulement. Ce sont peut-être juste des petites choses qui font en sorte que les communautés deviennent plus résilientes. Ça peut être des gestes très simples, ça peut être juste une petite organisation, entre autres, un réseau, par exemple. Ça peut être au niveau, entre autres, de pouvoir avoir un meilleur plan d'urgence. Mais ça, ça rend nos populations plus résilientes. Donc, c'est de comprendre les incertitudes, c'est de comprendre les risques, mais c'est aussi de comprendre toutes les interactions entre les acteurs. C'est de comprendre aussi leur mode de vie, c'est de comprendre leur économie. On sait qu'une économie diversifiée, souvent, est plus résiliente qu'une économie qui se base seulement sur une activité, comme par exemple juste les pêches. Et on l'a vu avec le déclin de la morue, entre autres.

Liette Levasseur

Et l'on travaillait à Sudbury, entre autres, on l'a su très bien dans les années 70 qu'il y a eu une très grosse grève. Avoir une économie basée seulement sur les mines était très dangereux. Et donc ils ont diversifié. C'est maintenant une communauté qui est vibrante, mais ça s'est développé quand ils ont réalisé qu'on ne peut plus continuer seulement sur un aspect.

Orateur 2

Je vois que vous faites des liens assez étroits entre adaptation et résilience par rapport aux communautés.

Liette Levasseur

Oui, parce qu'il faut qu'il y ait une réponse. Ce sont des réponses, finalement. C'est l'augmentation des réponses à différents niveaux qui fait en sorte qu'on devient résilients, finalement. Il faut comprendre le système. Il faut faire attention aussi, par exemple, que tous les points, toutes les étapes d'adaptation qui vont vers la résilience permettent d'être tous ensemble. Il ne faut pas qu'ils commencent à s'opposer. S'il y a de l'opposition, à ce moment-là, ça ne fonctionnera pas.

Vidéo 2

Liette Levasseur

Quand on parle de changement climatique et qu'on essaie avec les communautés de définir la vulnérabilité et comment fonctionner vers la résilience, c'est souvent très complexe ? Dans plusieurs cas, les outils deviennent de plus en plus complexes. On en a eu un récemment qui avait 167 pages. Il est tellement complexe que même si les chercheurs ont de la misère à le comprendre, j'imagine ce qui se passe dans les communautés après. Ça devient beaucoup plus compliqué quand on essaie de rentrer ça avec beaucoup plus de personnes. Donc, ce qu'on a fait, c'est un outil qui est un peu simplifié pour être capable surtout d'amener le dialogue. Parce que s'il n'y a pas de dialogue au départ, c'est souvent très difficile de pouvoir bouger une communauté, bouger les individus, bouger une industrie, aller beaucoup plus loin. Ce que je vais faire au départ, c'est parler un petit peu des objectifs du module en question de ce matériel-là. OK ? Ce que vous avez, c'est un manuel pour vous aider à faire ce type de dialogue avec une communauté. Ça peut être avec un petit groupe, ce n'est pas nécessairement une communauté, une municipalité. Ça peut être un petit groupe, ça peut être même dans certains cas, juste un voisinage. Ça dépend vraiment de l'ampleur de ce que vous voulez travailler comme enjeu. Après ça, on va parler de la méthodologie telle quelle. Donc, ce qu'on appelle vulnérabilité à la résilience. Et après ça, on va aller avec des activités pas à pas, c'est-à-dire c'est vraiment le « step by step process », comment ça se fait une étape à la fois. Ce qu'on voulait, c'est vraiment se baser sur tout le processus autour du dialogue, c'est-à-dire de bien comprendre les enjeux, de bien comprendre les composantes des enjeux pour arriver à penser à des solutions, à bien comprendre les différentes possibles solutions et de là, voir quelles seraient les priorités. Pourquoi faire ça ? C'est parce que souvent, si l'on essaie d'aller trop vite, il y a un problème d'acceptation sociale qui ne se fait pas. Et à ce moment-là, les communautés se rebellent. Il y a des conflits qui se passent à ce moment-là, ça devient beaucoup plus difficile à implanter de nouvelles solutions. Donc, il y a toutes ces questions-là aussi à prendre en considération. Et le but ultime à travers ça, vous allez voir que c'est un processus cyclique, si l'on veut, c'est vraiment d'améliorer la résilience des communautés. Pourquoi c'est important ? Si l'on a identifié en premier nos vulnérabilités, ça nous permet de mieux planifier, de mieux savoir comment fonctionner présentement, mais aussi dans le futur et en même temps, de voir quelles sont les conséquences maintenant, mais aussi dans le futur. Et c'est ça qui est important, c'est que ce n'est pas seulement de rester à l'idée de maintenant et de réagir seulement, mais de voir comment planifier pour le futur, ce qui est toujours vraiment important. Et vous allez voir quand les actions arrivent, souvent, il y en a plusieurs, ça a été mon cas en tout cas dans plusieurs des projets que j'ai fait maintenant, c'est que quand les communautés vraiment ont la propriété de l'outil, savent comment l'utiliser, comprennent très bien le dialogue, souvent, ils vont avoir des solutions qu'on appelle à court terme. Il va y avoir des solutions qui vont être à plus long terme parce qu'ils réalisent qu'il y a des choses qu'on peut faire très rapidement, qui ne coûtent pas beaucoup d'argent, puis qui sont faciles à implanter. Mais il y en a d'autres qui vont demander un peu plus de temps, qui vont demander à aller chercher de l'argent ou autre. Donc, il y a des étapes aussi qui peuvent être incluses dans tout ça. Donc, l'outil en question, comme on dit, « Vulnérabilité à la résilience », c'est vraiment en premier de comprendre les enjeux. Donc, c'est quoi la problématique ? Passez à une approche intégrée qui va être centrée sur la communauté. Il va y avoir des principes de base à utiliser à ce niveau-là. Après, la reconnaissance des besoins de renforcer les capacités, il faut qu'il y ait vraiment un besoin. Si la population pense qu'elle est parfaite, qu'il n'y a pas de problème, c'est difficile à ce moment-là de pouvoir bouger. Mais il faut faire attention aussi, parce qu'en même temps, ça a été mon expérience, au moins dans une communauté, c'est que la communauté pensait que c'était juste les dirigeants qui devaient s'en occuper des problèmes. Jusqu'à tant qu'ils réalisent qu'en fait, c'est eux qui payent les taxes, c'est eux qui peuvent être contaminés, c'est eux qui peuvent avoir ceci, à la fin, ils réalisent « Non, c'est mon enjeu à moi aussi. » Et c'est là que le dialogue se fait beaucoup plus facilement. Et c'est ça qu'il faut amener à un moment donné. Normalement, le type de matériel dont a besoin pour ce type d'activité là, on va comprendre premièrement une présentation. La présentation va être graduellement disponible sur le site web de la RUQ, que ça va être possible de la télécharger directement du site. Des cahiers, des stylos ou des crayons du papier, quelque chose, pour que le monde puisse écrire. Un glossaire, souvent, c'est bien utile d'avoir un glossaire parce que ce n'est pas toujours tout le monde qui comprend très bien les termes. Vous allez voir dans le manuel, au départ, il y a un petit glossaire pour au moins les mots principaux qu'on utilise. Le modèle est basé sur les principes suivants. Je pense que c'est toujours important de les mentionner quand on commence à travailler avec des communautés, avec des groupes, des comités, des personnes qui veulent agir à un certain niveau. La première chose, c'est qu'on pense que c'est important, l'intégration de la communauté, son inclusion et l'inclusion de tous les groupes qui existent dans la communauté. C'est souvent très facile d'en oublier un groupe et souvent, on en oublie facilement. Donc, il faut être sûr qu'on le demande aux autres dès la première réunion, est-ce qu'on a oublié du monde ? Est-ce qu'on a oublié des groupes qui sont probablement sous-représentés ou qui devraient être représentés, mais qui ne sont pas ici ? Par exemple, dans certaines communautés, ça peut être des groupes de personnes âgées. L'outil sert aussi, d'une certaine façon, au renforcement, au développement des capacités. Parce que ce qu'on veut, c'est vraiment qu' à travers le processus, tout le monde puisse commencer à penser à trouver d'autres solutions, à aller plus loin dans ce qu'ils font. Comme je mentionnais, l'acceptation sociale est très importante, parce qu'on veut absolument que tout le monde puisse à la fin comprendre et savoir où on s'en va. Et aussi voir comment c'est possible d'utiliser les différentes solutions, puis d'être sûr que tout le monde est confortable avec les solutions. Finalement, le prochain point, c'est solutions alternatives et simples. Vous allez voir quand on va parler des solutions, souvent, et ça, c'est une tendance générale, le monde essaie de penser à toutes les grosses tendances technologiques sans penser qu'il y a peut-être des solutions beaucoup plus simples qu'on peut trouver au niveau local et qui pourraient aider. Donc, il faut savoir comment balancer ces choses-là. Comme j'ai dit le dialogue, le dialogue va être très important. On en parle aujourd'hui. Normalement, avec des communautés, il faut que ça soit beaucoup ouvert aussi. Donc, ça amène à l'ouverture, l'ouverture d'esprit. Donc, il n'y a pas de questions stupides. Il n'y a pas de commentaires stupides parce que tout le monde a des choses à dire. Parfois, il y a des choses qu'on pense qui ne sont pas importantes, mais qui le sont. On ne voit pas nécessairement au départ. C'est pour ça qu'il ne faut pas oublier nécessairement ou pas noter quelque chose parce qu'on pense « Ça, ce n'est rien. » Il ne faut pas penser à ça. Compréhension totale des enjeux et des solutions. Il faut comprendre très bien l'enjeu en question et toutes ses conséquences pour mieux comprendre les possibilités de solutions après. Comme j'ai dit, c'est comme une spirale. J'ai quelqu'un pour m'aider un petit peu sur le dessin, mais même à ça, je dois dire que ça a été fait en vitesse. Ce n'est pas moi qui vais dessiner le mieux dans la vie. Normalement, on commence par définir un enjeu. OK, des enjeux, ça dépend, mais normalement, on essaie de cibler un enjeu à la fois. Beaucoup, malheureusement, d'outils vont essayer de régler le problème de l'univers en même temps. Mon expérience a été que ça n'a jamais marché. Normalement, à la fin, on finit que la plupart ne comprennent pas ce qui se passe, mélange les enjeux, mélange les conséquences et à la fin, les solutions sont très irréalistiques. Et c'est souvent le danger. Après ça, on comprend les risques par rapport à cet enjeu-là. OK ? Si l'on prend un enjeu, par exemple, ça peut être une question de sécheresse qui amène une baisse de quantité et de qualité de l'eau. OK ? Les risques ? Les risques vont être à différents niveaux. Risques de contamination, donc risques pour les personnes au niveau de la santé. Il peut y avoir des risques par rapport à s'il y a un feu, il n'y a plus d'eau, il y a des problèmes. Ça peut causer beaucoup d'autres risques que vous pouvez voir que les risques peuvent être très grands. Après ça, on définit normalement les conséquences physiques ou matérielles, donc sur l'infrastructure, les routes, etc. On définit les conséquences socioéconomiques. Ça peut être sur des activités économiques, ça peut être sur des groupes particuliers qui ne peuvent plus se rencontrer, entre autres les clubs de l'âge d'or ou des groupes de fermiers ou d'autres groupes. Donc, il peut y avoir des points sociologiques, autant et même dans certains cas culturels. OK ? Donc, ce sont des points à aller chercher. Les conséquences politiques. Là, on parle surtout de politiques et règlements, entre autres, municipaux ou de gouvernements locaux, ainsi que de gouvernance. Est-ce que ça amène des conflits dans la communauté ? Est-ce que ça amène probablement des compétitions qui n'étaient pas là avant ? Des choses comme ça. Et tout ça, en passant, vous allez voir que ça va être fait pas seulement d'une seule fois, mais chaque étape devrait prendre au moins une réunion. Le monde qui s'imagine qu'on peut trouver une solution à une première réunion, ça ne marchera jamais. OK ? Normalement, quand on veut vraiment bien définir, qu'on veut vraiment ouvrir le dialogue, il faut absolument qu'il y ait plus qu'une réunion. Il faut vraiment qu'il y ait premièrement une propriété qui est prise par les personnes, ownership comme on dit en anglais, par les personnes qui comprennent très bien pourquoi ils sont là, quelles sont leurs contributions ? Ça va peut-être prendre une réunion, mais ça peut prendre deux réunions. Parce que ce qui arrive, c'est qu'on peut céduler une réunion, on dit « On va le faire le mardi soir. » Mais le mardi soir, vous avez à peu près cinq ou six personnes qui viennent parce que vous aviez oublié qu'il y a un club de l'âge d'or cette journée-là, que la Chambre de commerce se rencontre et qu'il y a une rencontre de parents étudiants ou le bingo, oui. C'est vrai, le mardi soir, ça se fait souvent. Donc, à la fin, ce qui arrive, c'est que vous manquez un paquet de groupes, vous manquez plusieurs personnes. Vous allez peut-être être obligé de reprendre cette même réunion-là, un samedi après-midi pour aller chercher d'autre monde ou un vendredi soir ou autre plage. Ok ? Donc, il faut toujours penser à ça un petit peu. Encore une fois, c'est l'idée d'acceptation sociale, puis d'inclusion le plus possible. Chaque étape fonctionne de cette façon-là. Donc, les étapes possibles dans le processus. La première réunion. Normalement, on essaie, comme j'ai dit, d'inclure le plus de monde possible. Dans certains cas, ça semble être très simple. Dans d'autres cas, ce n'est pas toujours simple. C'est souvent difficile parce qu'on manque peut-être une personne ou deux. C'est pour ça qu'il faut toujours demander à ceux qui sont là, est-ce qu'il y a peut-être des groupes qu'on a manqués ? Quand on anime ces types de réunions là, d'être très ouvert, de faire comprendre qu'on n'est pas là pour donner la solution. Premièrement, on n'est pas l'expert qui amène la solution. On est juste là pour amener le groupe ensemble. Il faut être capable de bien comprendre où on en est, pourquoi on est là, comment ça fonctionne. Ça prend un peu de temps. Ce n'est pas toujours facile. Il faut savoir une chose que j'ai apprise rapidement, c'est aussi le langage. Quelle langue on parle ? Parce que c'est très facile à perdre une population si l'on commence là, puis que tout le monde est à ce niveau-là, au niveau de l'information. Donc, il y a bien des enjeux à ce niveau-là. La première réunion est certainement la plus délicate, je dirais. La deuxième aussi, souvent parce que souvent, tu en as besoin de deux pour arriver à mettre le monde ensemble, puis qu'ils veulent vraiment bouger ensemble. Il faut bien expliquer le processus. Ça, c'est très important, si le processus n'est pas expliqué, puis de faire comprendre que la personne qui est en avant, ce n'est pas elle qui va trouver des solutions, puis qui va dicter les solutions. Souvent, c'est ça l'enjeu aussi. Ce que j'ai vu souvent quand quelqu'un amène un enjeu, c'est qu'il amène aussi tout l'aspect de « Moi, j'ai la solution. » Ça, c'est le plus grand danger. C'est souvent mieux que les personnes qui amènent l'enjeu n'ont pas de solution, parce qu'à ce moment-là, tout le monde doit se mettre à la table pour pouvoir travailler sur le problème en question. La première ou éventuellement la deuxième rencontre, c'est vraiment de comprendre la problématique. Puis ne pas seulement dire « L'enjeu, c'est ceci point final, puis on commence juste à déblatérer dessus. » Mais comprendre ce que ça veut dire pour qui, pourquoi et comment ça fonctionne ? Donc ça, c'est vraiment la première étape. Et ça semble être facile, mais souvent, ce qui arrive, c'est que du monde va ajouter d'autres choses. Là, ils vont commencer à dire « Ce n'est pas seulement s'il y a ça, il y a ça, il y a ça. » C'est aussi de bien faire comprendre quand on travaille au niveau changement climatique avec la communauté, de bien faire comprendre certains termes parce qu'on va les utiliser de façon régulière. L'affaire, c'est que souvent, on commence très tranquillement, on y va à la fois, puis on est obligé de les répéter. Ça ne va peut-être pas être à la première réunion qu'ils vont comprendre les termes. Ils vont peut-être le comprendre après trois ou quatre fois, surtout s'ils pratiquent aussi ce que ça veut dire en ces termes-là. Il va y avoir plusieurs façons. Ça va dépendre vraiment des groupes. Il y en a qui vont se mettre ensemble. Il y en a qui vont être obligés de... Il y en a parfois que c'est une question, il y a une personne qui l'amène comme dans le cas de Lac-Mégantic, c'était le maire qui l'a amené directement. On a un problème, puis on ne sait pas quoi faire. Puis à ce moment-là, ils ont décidé qu'on était pour essayer le modèle. C'était un modèle à multicritères. Ils ont décidé OK. Finalement, ce que je vous présente est un peu pas mal, un peu modifié. Mais en tout cas, c'était un peu comme ça pour voir comment fonctionner. La prochaine étape, c'est vraiment de bien comprendre les conséquences de ce qui se passe ? Les conséquences peuvent être des conséquences directes. Donc, une maison qui est emportée dans l'eau, je pense qu'il va y avoir une destruction de la maison. Une destruction de l'infrastructure. Mais il va y avoir aussi des conséquences indirectes. Perte d'emplois, dévaluation de la valeur immobilière, des choses comme ça. Donc, il y a toujours des conséquences qui sont directes. Il y a des conséquences qui sont indirectes. Aujourd'hui, ce qu'on va faire, parce que comme j'ai dit, normalement, ça devrait être sur deux jours, mais seulement sur une demi-journée. Donc, on va réduire un peu le temps. Ce dont on va parler aujourd'hui, pour commencer, c'est ce qu'on appelle les conséquences matérielles ou physiques. En premier, puis après ça, on va parler des conséquences socioéconomiques. Au niveau des conséquences physiques, bon, quels sont, entre autres, les biens, les propriétés ? Ça peut être des services aussi qui ont été endommagés ou qui peut-être ont eu des effets à cause de cette problématique-là. C'est une inondation, par exemple. Est-ce que la route a été coupée ou si l'on prend Wawa en ce moment avec, encore une fois, les fameuses pluies torrentielles ou qu'ils ont perdu la Transcanadienne ? OK. Donc là, il n'y a plus de route. Point final. À ce moment-là, il y a des conséquences. Les conséquences sont très importantes. Il n'y a pas de route. Point final. Donc, il peut en avoir de cette façon-là. Est-ce qu'il y a eu des foyers qui ont été ou des groupes qui ont été plus affectés, qui ont eu plus de dommages que d'autres ? C'est utile d'avoir des cartes. Ça peut être des cartes, ça peut être que le monde commence à dessiner leurs rues. Ça peut être beaucoup d'autres choses comme ça qui peuvent aider à mieux situer ce qui se passe à travers tout ça. Et donc, encore une fois, on retourne aux conséquences. Vous allez voir qu'il y a des questions. Puis, il ne faut pas oublier que ces questions-là changent en fonction de votre communauté aussi. Ok ? Ce n'est peut-être pas nécessaire d'avoir les mêmes questions deux ou trois fois parce qu'ils l'ont bien remplie. Ou il y a peut-être des questions que vous allez voir que vous devez cibler un peu plus. OK ? Donc ça va dépendre vraiment, encore une fois, c'est quoi le problème. C'est quoi qui se passe ? Comment est-ce que vous devez aller chercher ces questions-là ? En fait, elles sont vraiment utiles pour motiver, animer la discussion. OK, c'est un dialogue. Un dialogue veut dire que c'est ouvert. Il faut qu'ils puissent amener le plus possible. Quelquefois, vous n'allez peut-être pas avoir besoin d'aucune question et tout le monde va partir d'un coup. Et, d'autres fois, vous allez avoir besoin de mettre des questions parce qu'il n'y a pas personne qui veut dire un mot. Parce qu'il faut regarder aussi pour plus loin. OK, ce qui se passe après aussi en même temps ? Et qu'ils ont eu à faire face. Est-ce chaque fois, par exemple, si l'on parle d'inondations, ils ont eu une inondation cette année, mais ils en ont eu une il y a deux ans, ils en ont eu une il y a trois ans, ils en ont eu une il y a cinq ans. Est-ce que c'est toujours les mêmes infrastructures qui sont malheureusement affectées ? Est-ce qu'ils deviennent de plus en plus fragiles ? Une chose à Toronto qu'ils ont réalisé, surtout quand on a nos gels, nos dégels, ils ont réalisé, c'est ça qui s'est passé finalement quand ils ont eu une grosse tempête, c'est qu'en faisant ça, en dessous de la route, il y a une partie de l'infrastructure qui devient de plus en plus faible. Ce n'était pas vu au départ que les premières inondations, les premières pluies torrentielles n'ont pas eu de problème. Je parle du Don Valley, ils n'ont pas eu de problème. Deuxième pluie torrentielle, ils n'ont pas eu de problème. La troisième qui est arrivée en 2004, ça fouaré. Ça a complètement coulé. Et la raison, c'est parce que finalement, l'infrastructure en dessous était complètement faible. Ça ne s'est pas passé au premier ou deuxième, ça s'est passé seulement au troisième. Et la raison, c'est justement qu'il n'y avait pas nécessairement pensé que ça pourrait se passer en dessous. On a beau voir le dessus de la route, on pense toujours que tout est bien. Ce n'est pas toujours le cas. Et c'est ça qui s'est passé dans ce cas-là. Donc l'infrastructure, elle devient de plus en plus faible. Dans plusieurs cas, on ne sait pas jusqu'à quand que ça arrive et c'est là qu'on a de plus gros problèmes. Par rapport à ça, est-ce qu'on a un certain degré d'incertitude OK ? Si l'on regarde, comme je viens de le mentionner, dans le cas de Don Valley, probablement, pas de problème, ils ont un problème, ils ont réalisé maintenant qu'ils ont beaucoup plus d'incertitudes par rapport à leurs routes. Ça a réveillé, je dois admettre beaucoup plus de municipalités. C'est pour ça qu'il faut rentrer tous ces aspects-là aussi. Est-ce qu'on comprend comment notre infrastructure est solide ou pas solide ? Ou est-ce qu'on n'est pas sûr de ça ? Dans bien des cas, on n'est peut-être pas sûr. La deuxième composante, aujourd'hui, on va la mettre ensemble parce qu'on va manquer de temps. C'est juste la question des conséquences socioéconomiques. Idéalement, c'est les conséquences sociales, culturelles et économiques. Parce qu'il y a des choses qui vont être culturelles. Et puis, je sais, quand on travaillait avec (...), entre autres, le fait que leur site, le cimetière, merci. Je ne sais pas trop mes mots en français ces temps-ci. Le cimetière traditionnel est sur le bord de la mer, avec le niveau de la mer qui augmente. Eux autres savent qu'il y a des conséquences culturelles parce qu'ils sont sur le point de perdre. Donc, il faut qu'il ait déménagé à un moment donné. Comment c'est fait ? Il y a beaucoup d'autres conséquences très émotionnelles aussi à ce moment-là. Donc ça, c'est tout un autre aspect. Mais il y a l'aspect social, économique. Donc, est-ce que c'est au niveau ? Ça peut-être au niveau familial. Il peut y avoir des conséquences familiales. Perte d'emplois, par exemple, et autres. Il peut y avoir aussi fermeture, soit d'une usine, soit d'une boutique, ou quelque chose comme ça. Ça va affecter les personnes qui y travaillent, mais ça peut affecter aussi la communauté. Puis comme j'ai dit, les questions peuvent être changées en fonction de vos communautés. Donc, ça va dépendre. Donc, il peut y avoir aussi des technologies, il peut y avoir des choses. Il peut y avoir qui a perdu, qui a gagné de ces effets-là, de ces impacts, de la problématique. Il peut y avoir des questions aussi. Là, on commence à rentrer dans d'autres aspects qui vont venir plus tard. Quels sont les ressources, les compétences, les éléments sociaux forts ou faibles qui ont aidé à réduire la vulnérabilité ou la gravité de ces conséquences ? Ça revient un peu à l'aspect psychosocial, au fond. Parce que quand on commence justement à dire « Est-ce que, par exemple, les services d'incendie sont venus vérifier rapidement ou ne sont jamais venus ? » Parce que ça, ça va amener un niveau d'anxiété pour certaines personnes, surtout les personnes âgées, qui va être complètement différent aussi. Donc, il faut penser à tous ces aspects-là aussi. Et puis, ce n'est pas la même chose pour chaque personne. Je suis bien d'accord avec l'aspect psychosocial, c'est que ce n'est pas la même chose pour chaque personne. Ça va dépendre de leur statut, ça va dépendre de leur éducation, ça va dépendre de leur situation économique, ça va dépendre de leur âge, ça va dépendre de plein de choses. Donc, c'est pour ça que c'est assez complexe. Il faut comprendre un peu justement c'est quoi la situation à ce niveau-là, dans l'endroit où le problème se trouve. Il y a des choses qui n'ont pas nécessairement de valeur monétaire, mais qui peuvent avoir un impact assez important pour ces communautés-là. Définir les capacités, déterminer le niveau de vulnérabilité, c'est important. C'est là qu'on commence à penser « Quelles sont les actions possibles pour améliorer la résilience ? » Quand on met une liste d'options possibles, comme j'ai dit, il faut inclure toutes les possibilités. Ça veut dire qu'elles peuvent être de simples à complexes, de court terme à long terme. Elles peuvent être peu chères ou elles peuvent être très dispendieuses. Certaines solutions sont sociales, certaines solutions sont techniques, certaines solutions peuvent être économiques, certaines sont probablement de gouvernance ou prise de décision ou politique. Ça dépend... politique publique, je devrais dire. Ça dépend vraiment de la problématique et ce qui est possible. Il y en a qui peuvent être une combinaison de tout ça. OK ? Il y en a qui vont venir probablement directement d'idées de la communauté. Il y en a qui vont venir d'externes, d'experts. Comme je mentionnais une couple de fois plus tôt, il faut toujours faire attention. Si l'on demande à une compagnie, eux autres c'est sûr qu'ils vont essayer de vendre leurs industries. Ils vont probablement vous apporter une solution très spécifique pour eux autres. Mais il y en a qui vont être experts, qui vont vous apporter trois ou quatre solutions. Ça dépend. OK ? Donc, il faut essayer. Et encore une fois, ça va être du dialogue, puis de l'aller-retour, pour être capable de faire une liste qui est complète. Quand on arrive avec une solution déjà préparée, comme on parlait pour Sainte–Flavie, ça, c'est sûr que la première chose qui se passe normalement, tout le monde recule. Parce qu'à ce moment-là, il y a un manque d'acceptabilité sociale et ça fait souvent des problèmes plus gros à la fin qu'au départ. Et pour chacune de ces options-là, il faut commencer à les analyser. Puis encore une fois, c'est là que ça va demander souvent plus d'experts ou d'analyse. Donc encore une fois, beaucoup d'aller-retour au niveau d'avoir les pour et les contre. Une chose qui était très claire, ça reste très clair pour moi, c'est qu'il faut absolument que ce soit tous les avantages et les désavantages. On ne devrait jamais cacher parce que c'est là que c'est le pire. Quand on commence à cacher des choses, c'est là qu'à un moment donné, quelqu'un va y arriver à trouver le problème, puis que ça va être pire encore. Il faut que ce soit à tous les niveaux. Ce qu'on espère, c'est qu'à travers ces étapes-là, on espère parce que ce n'est jamais sûr à 100 % comme de raison, c'est qu'il va y avoir une meilleure habileté à un moment donné à gérer les risques, à gérer l'enjeu en question, qu'est-ce qui se passe, la problématique à travers des stratégies qui vont amener de meilleures compétences ou des ressources nécessaires pour pouvoir passer à travers. Une adaptation à plus long terme, une capacité à assurer que les besoins essentiels et les activités socioéconomiques, surtout, sont maintenus à long terme ou de façon viable. Et ça, c'est toujours un enjeu parce que parfois, on a peut-être une solution, puis une des solutions que tu mets en fait dans le manuel, c'est qu'on peut peut-être mettre un mur de protection à une place, mais ce mur de protection là amène l'érosion chez le voisin, au toit ou même sur la communauté voisine. Ce mur de protection là empêche aux poissons de passer sur le passage qui normalement ils avaient, réduisant la possibilité de pêche. À ce moment-là, il y a plusieurs aspects négatifs qu'il faut qui soient considérés. C'est pour ça que quand on regarde les solutions, il faut les regarder de différents angles. Il ne faut pas seulement les regarder au niveau économique ou au niveau social. Il faut anticiper d'une certaine façon ce qui se passe.

Roger Doiron (3 minutes), maire de Richibucto au moment de l’étude.
 

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Roger Dorion

En décembre 2010, il y a eu une tempête assez importante dans notre région. Dans ces 43 ans là, où est-ce que je demeure, c'est la première fois que je voyais la marée être aussi près de la maison. Dans toutes ces années-là, la marée était tellement haute, j'ai un garage qui est derrière la maison et la marée était rendue au garage. La marée était tellement haute que tous nos terrains ont été inondés. Ça arrivait dans le passé, on a eu une certaine inondation avec la vague qui frappait le rocher puis ça déversait sur le gazon, mais que l'eau monte, parce qu'on a quand même à peu près deux mètres et demi construits pour protéger nos terrains et c'était au-dessus de ce niveau-là, donc la mer était tout près de la maison. C'est sûr que dans les années passées, on a quand même subi des tempêtes, mais c'était vraiment la première fois qu'on voyait des conséquences aussi graves, si l'on peut dire, d'une marée aussi haute et des vagues aussi fortes qu'on l'avait vu dans le passé. Donc, il y a certainement des choses à s'inquiéter. Je sais qu'on parle souvent de la tempête de 2000, qui a quand même été une tempête importante, mais même à ce moment-là, la mer n'avait jamais monté aussi près de la maison que ça s'est passé en décembre 2010. C'est certainement des phénomènes que l'on remarque. En demeurant chez nous depuis 43 ans au même endroit, on est en mesure de voir que si l'on n'avait rien fait pour protéger notre terrain ou nos terrains, toutes les familles qui demeurent sur cette rue-là, on aurait plus de difficultés qu'on n'en a à l'heure actuelle. Alors, il a fallu prendre des décisions pour s'assurer que l'on protège nos propriétés. C'est sûr qu'à l'heure actuelle, il y a des inquiétudes au niveau des dirigeants de la Ville parce qu'on a quand même plusieurs familles qui demeurent tout le long de la côte. Il y a des commerces. La rue principale longe la côte. Ce qui signifie, que, présentement, il y a des mesures qui devront être prises et je réalise en assistant à une conférence comme celle-ci, l'urgence et l'importance d'avoir un plan d'urgence, si l'on peut dire, pour faire en sorte que s'il y a vraiment des incidents non prévus, qu'est-ce qu'on fait ? C'est une des choses que j'ai prises en note tout à l'heure. Plan d'urgence en vue d'une tempête, pas d'une tempête hivernale, mais d'une tempête de pluie ou de vent ou d'inondations. C'est qu'est-ce qu'on fait pour être sûr de protéger les citoyens. On a un plan d'urgence, mais je ne suis pas convaincu qu'il ait aussi en détail qu'on devrait l'avoir avec tous les changements climatiques que l'on vit présentement. Donc, ça me sensibilise davantage à l'importance de trouver quelque chose.

Chantal Gagnon (6 minutes), Coalition pour la viabilité du sud du Golfe du Saint-Laurent
 

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Orateur 1

Comment voyez-vous le phénomène de l'adaptation aux changements climatiques ou sur les gens qui vivent à proximité des zones côtières ?

Chantal Gagnon

C'est très difficile. Je pense juste à la communauté en particulier où mes amis ont été impactés ou ont été affectés. Ce n'est pas facile parce que s'adapter, ce n'est pas quelque chose qui se fait du jour au lendemain. C'est un processus qui prend plus de temps. C'est lié à notre évolution aussi. Les humains sont une des espèces les mieux adaptées sur la planète. C'est pour ça qu'on est un peu partout sur la planète. Donc, ce n'est pas quelque chose qui se fait très rapidement. Et malheureusement, le système politique et économique qu'on est dedans veut tout faire très rapidement. Toutes les décisions doivent être maintenant, tout doit rentrer dans une année fiscale déterminée par Ottawa, je présume, par les gens en comptabilité. Et ces défis font que c'est difficile pour les communautés de prendre leur temps pour penser à long terme et déterminer quelles étapes ils veulent vraiment mettre en place. Donc, ils ne peuvent pas... Une partie de la communauté peut-être qui veut, mais ceux qui sont en charge, eux sont pris dans un système qui fait qu'il faut qu'ils prennent des décisions tout de suite. Dans la communauté en particulier, comme moi je pense, ils doivent prendre tout de suite des décisions. Généralement, ces décisions impliquent d'investir de l'argent dans des infrastructures qui vont peut-être temporairement, peut-être cinq ans, aider pour le problème, mais qui, à long terme, n'empêcheront pas les impacts d'arriver pareil, ça n'empêchera pas les dommages d'arriver. C'est ça un peu la plus grosse difficulté par rapport à l'adaptation. C'est complexe, ça demande du temps, ça demande de la conversation, ça demande qu'une communauté puisse voir, aller dans une vision où ils veulent aller, puis de là mettre en place les étapes pour s'y rendre. Et malheureusement, le système comme il est en ce moment force les gens à prendre des décisions très rapidement dans une période de court temps et ça donne du mal d'adaptation, ça donne des idées qui sont temporaires.

Orateur 1

Quel conseil à la lumière de vos expériences, vous pourriez donner aux communautés côtières ou aux municipalités ou aux districts de services sociaux ?

Chantal Gagnon

Je ne suis pas une experte.

Orateur 1

À la lumière de ce que vous avez observé dans votre organisation ?

Chantal Gagnon

Le plus possible, s'ils sont capables, c'est d'être souverains, d'être en charge de leur communauté, puis de se dire « On les prend les risques en communauté, on discute ensemble, on prend une mission ensemble, même si ça va contre ce qui est populaire, même si ça va contre le grain de ce qui a toujours été enseigné. D'apprendre à se surpasser, d'apprendre à penser à l'extérieur de la boîte et d'accepter. C'est épeurant d'aller dans des choses que tu ne connais pas qui ne sont pas familières. On peut avoir de la réticence naturellement en tant qu'individu pour ça.

Orateur 1

Sortir des sentiers battus.

Chantal Gagnon

C'est ça, sortir des sentiers battus. Donc d'avoir le courage de se jeter à l'eau jusqu'au fond, avant qu'on commence à s'inonder dans l'eau. C'est une manière de parler. Mais juste d'avoir ce courage-là, de prendre le temps de dire « C'est beau, on refuse l'argent que tu nous donnes en ce moment », si ça vient d'un programme de dépannage après crise qui veut absolument qu'on reconstruise, puis qu'on dit qu'on va faire un processus qui est plus long ou qu'on trouve un équilibre s'ils ne peuvent pas retrouver l'argent. C'est sûr que les municipalités, les communautés, les districts n'ont pas beaucoup de ressources, mais c'est de réénergiser le peuple dans leurs communautés à être la ressource, à être impliqué et à sortir de ce qui est confortable. Parce que le changement climatique et l'adaptation vont les rendre inconfortables d'une manière ou d'une autre. Ils ne peuvent pas se garder la tête dans le sable. Ça va arriver. Il faut que le monde soit mobilisé par les communautés. Les communautés doivent avoir ce courage là de prendre ce risque et de faire cette lutte.

Orateur 1

Qu'est-ce que ça veut dire pour vous, une communauté résiliente ?

Chantal Gagnon

Pour moi, ça veut dire une communauté qui est capable d'exister dans son identité, par de là son physique, si l'on veut. Donc, une communauté qui est résiliente va pouvoir s'adapter, va pouvoir mettre en place, va avoir investi dans elle-même pour essayer d'augmenter le plus possible ses points forts, diminuer ses points faibles. Donc diminuer ce qui est à risque, puis augmenter ce qui l'aide à surmonter le risque, à surmonter leurs vulnérabilités. Une communauté qui n'a rien en place, qui n'a pas du tout qui ne voit même pas qu'il y a des problèmes, ils ne vont pas être très résilients, quant à moi, parce que c'est comme ignorer un problème auquel tu vas faire face. Donc ceux qui ont déjà au moins cette étape-là vont peut-être être plus prêts à vouloir bouger. Puis il faut être flexible comme la nature, il faut être en flux un peu. C'est peut-être un concept qui est le plus difficile pour les communautés à comprendre. On est très enraciné dans nos terrains, ce qui est bien correct jusqu'à un certain point, mais il faut que l'identité de la communauté puisse se retrouver dans le peuple et non dans le terrain. Autant qu'on soit attaché parce que c'est ça qui bouge, l'identité peut suivre. Comme les Acadiens ont été déplacés partout à travers la planète il y a quelques centaines d'années, mais ça ne les a pas empêchés d'être acadiens. Trois cents ans plus tard, ça ne les a pas empêchés d'être là, d'être présents, d'avoir une place au Canada, aux États-Unis, ailleurs sur la planète. Aujourd'hui, on voit que les Acadiens, il y en a plus de mouvements, de fierté, d'identité. Quant à moi, c'est résilient. Ça, c'est une communauté qui est résiliente, même si leur communauté physique, en tant que telle avait été soustraite il y a 300 ans, puis qu'en ce moment, leur communauté physique actuelle sont en danger des alliances côtières et du reste. Donc, c'est dans ce sens que je veux dire qu'une communauté résiliente doit être dans les individus et le peuple et non dans le physique. Parce qu'à la fin du jour, tant que tu survis en tant que peuple et ta culture est restée, mais tu es encore là.

Références

Chouinard, O, N. Tartibu, J. Gauvin, 2012. Adaptation réfléchie en milieu côtier : démarche d’engagement avec les résidents du milieu côtier des DSL. Rapport final-FFE.

Chouinard, O., S. Weissenberger, D. Lane, 2015. L’adaptation au changement climatique en zone côtière selon l’approche communautaire : études de cas de projets de recherche-action participative au Nouveau-Brunswick (Canada). VertigO, Hors-série 23.

Chouinard, O., S. Plante, S. Weissenberger, M. Noblet, J. Guillemot, 2017. The Participative Action Research Approach to Climate Change Adaptation in Atlantic Canadian Coastal Communities. In: Leal Filho, W., Keenan, J. (eds) Climate Change Adaptation in North America. Climate Change Management. Springer, Cham. Switzerland, pp. 6787.

Weissenberger, S., O. Chouinard, 2015. Adaptation to Climate Change and Sea Level Rise: The Case Study of Coastal Communities in New Brunswick, Canada. SpringerBriefs in Environmental Science. Springer Dordrecht, 100 p.

Autres ressources

Commission des services régionaux de Kent. Accueil - Kent Regional Service Commission (krsc.ca)

Groupe de développement durable du pays de Cocagne. Accueil - Groupe de développement durable du Pays de Cocagne Sustainable Development Group (ecopaysdecocagne.ca)

Ville de Grande-Digue. Grande-Digue – Village de Grande-Digue

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