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Bloc 3 | Étude de cas | Haïti Conclusion

Le défi auquel fait face Haïti pour construire sa résilience climatique est imposant sur plusieurs tableaux. La géographie d’Haïti dans une région d’ouragans et de tremblements de terre, avec des montagnes escarpées et des zones côtières minces crée une situation de vulnérabilité aigüe envers les risques naturels et en particulier climatiques. L’occupation du territoire anarchique, l’urbanisation et périurbanisation rapide de certaines zones côtières, la dégradation des bassins versants amplifient le risque naturel. Le manque de ressource de l’État et des particuliers, un manque de connaissances scientifiques dans de nombreux domaines, et une forte dépendance d’une grande partie de la population des ressources primaires sont autant de facteurs qui rendent les efforts de construction d’une résilience climatique difficile.

L’élaboration de stratégies d’adaptation à Haïti devra donc prendre en compte le déficit d’adaptation qui existe déjà aujourd’hui. Les zones côtières figurent parmi les milieux les plus vulnérables du pays. L’adaptation devra aborder différents volets sur différentes échelles temporelles. La gestion post-désastre et la protection des populations sont certainement des priorités en vue des nombreuses victimes qu’on fait les évènements climatiques des dernières années. Haïti pourra ici s’inspirer des avancées faites au Bangladesh, aux prises avec une situation socio-économique tout aussi difficile et un manque de moyens de communications, surtout dans les régions rurales.

À long terme, les patrons de développements des zones côtières devront être mieux alignées sur la réduction de la vulnérabilité climatique. La construction de résilience à long terme demande cependant des interventions dans de nombreux domaines : gestion du développement côtier, meilleurs standards de construction, réhabilitation des bassins versants et réduction de l’érosion, contrôle des écoulements lors de tempêtes, conservation des écosystèmes côtiers, augmentation de la capacité de mesure, d’analyse et de monitoring scientifique, augmentation de la capacité des institutions de l’État, introduction de la gestion intégrée des zones côtières, sensibilisation et mobilisation de la population, etc.

Tous ces objectifs ne peuvent cependant être atteints en vase clos, mais doivent être intégrés dans les programmes de reconstruction de l’État et de ses institutions, de la capacité de recherche et formation scientifique du pays, de la valorisation des zones côtières, aussi du point de vue touristique, de développement économique et d’éradication de la pauvreté. L’action des ONG et agences internationales a, durant les dernières années, permis de mettre de nombreux programmes en place. Le problème de tels programmes exogènes est cependant qu’il est difficile d’en assurer la pérennité, de les intégrer dans les politiques de développement gouvernementales. La multiplication d’intervention d’organismes étrangers mène à un ensemble hétéroclite d’intervention à généralement petite ou moyenne échelle. Il est donc à souhaiter que l’État haïtien puisse à terme s’approprier la programmation de la résilience climatique et généraliser le mainstreaming de la préoccupation climatique, cruciale pour le pays, dans tous les programmes de développements de l’urbanisme, du tourisme, de la pêche, de l’agriculture, de la formation scientifique, etc.

La vulnérabilité physique d’Haïti aux évènements climatiques est exceptionnelle. En même temps, le manque de ressources d’adaptation est considérable en l’état actuel des choses. La construction d’une résilience climatique plus importante demandera donc des efforts concertés et une stratégie s’échelonnant à plusieurs échelles de temps. La réduction de la vulnérabilité du pays sera sans aucun doute liée à l’amélioration générale des conditions socio-économiques, mais elle en est aussi un prérequis. Le nouvel élan de développement du pays amorcé depuis quelques années sera donc certainement plus durable si les changements climatiques sont pleinement pris en compte.

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