Bloc 3 | Étude de cas | Haïti L’adaptation aux changements et à la variabilité climatique
L’adaptation aux changements climatiques implique l’État, les partenaires internationaux, les ONG et les communautés sur le terrain. L’articulation de tous ces acteurs n’est pas toujours évidente et la recherche de financement pour les nombreux besoins en adaptation est un défi constant.
Sur le plan institutionnel, Haïti a été impliqué dès le début dans les initiatives internationales concernant les changements climatiques. Haïti a signé la CCNUCC en 1992, l’a ratifiée en 1996, puis a ratifié le protocole de Kyoto en 2005. Haïti a signé l’accord de Paris en 2016 et soumis sa contribution déterminée au niveau national (CDN), ainsi qu’une version actualisée en 2021, avec comme objectif de réduire de 31 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. La CDN comprend aussi des mesures d’adaptation proposées dans plusieurs domaines, dont l’agriculture, l’élevage, la pêche, les ressources en eau, la santé, l’énergie, le tourisme, les infrastructures routières et l’éducation, totalisant 13 milliards de dollars ainsi que 5 milliards de dollars sous les mesures relevant des pertes et préjudices.
Plusieurs autres documents stratégiques ont été produits par Haïti dans le cadre de son action sur les changements climatiques :
- La première communication nationale sur les changements climatiques (2001).
- Le plan d’action national d’adaptation (PANA, 2006).
- Le plan d’action national de lutte contre la désertification (2009).
- La politique agricole de 2010-2025.
- La seconde communication sur les changements climatiques (2013).
- La politique nationale sur les changements climatiques (PNCC, 2019).
- Le plan national de gestion des risques de désastre 2019 – 2030 (2019).
- Le plan national d’adaptation (PNA) 2022-2030, publié en 2022.
Dans le PANA, les zones côtières sont identifiées comme un des six secteurs particulièrement vulnérables aux impacts des changements climatiques. Le plan national de gestion des risques et désastres propose également des actions liées à la réduction de la vulnérabilité des zones côtières.
Haïti a également signé et ratifié plusieurs conventions internationales présentant un lien avec la gestion des changements climatiques et des zones côtières, parmi lesquelles la Convention sur la diversité biologique, la convention sur la désertification, la convention sur le droit de la mer et la convention sur la Conservation de la Vie Marine.
Au niveau national, la chose environnementale est régie par le Décret-Cadre pour la Gestion de l’Environnement de 2006 et le Système National de Gestion de l’Environnement (SNGE) qui prévoit un partage des responsabilités entre différents ministères ainsi qu’une participation de la société civile. Sa mise en œuvre a été rendue difficile par l’instabilité politique et les suites du tremblement de terre du 12 janvier 2010 qui a décimé de nombreux ministères et services de l’État.
Plusieurs programmes d’urgence et de préparation ont été mis en œuvre, entre autres :
- Le Programme national d’alerte précoce en cas d’inondation (PNAP) vise à prévoir les risques d’inondation à l’aide de modèles météorologiques et ainsi donner l’alerte à temps ;
- Le Système national de gestion des risques et des désastres (SNGRD) est un plan d’urgence en cas de désastre climatique. Il est géré par géré par la Direction de la protection civile (DPC), qui s’appuie sur des organes centraux, ainsi qu’une structure sur le terrain formée de comités départementaux, communaux et locaux, au sein desquels collaborent les institutions publiques, les agences internationales, des ONG, des agents en gestion de sites d’évacuation et des volontaires ;
- Le Plan national de sécurité alimentaire et nutritionnelle (PNSAN) permet de prévoir les crises alimentaires potentielles grâce au traitement des données hydrométéorologiques et des prix des denrées alimentaires sur les marchés mondiaux et fournit, le cas échéant, de l’aide alimentaire.
Il reste que le contexte économique et politique rend l’application d’une stratégie globale et à long terme d’adaptation aux changements climatiques difficile. Les ressources financières de l’État sont très limitées, ne permettant pas une dotation appropriée des ministères et directions en charge de l’adaptation climatique. La plus grande partie du financement provient d’agences et d’aide internationale, qui suit cependant une logique propre, caractérisée par une approche par projet et des horizons temporels courts. Aussi, ce genre de projet a une tendance naturelle à ne pas prendre en compte l’implication des populations locales, que ce soit à cause de façons de faire établies ou de difficultés logistiques ou organisationnelles.
La gouvernance de l’État haïtien est de manière générale faible et ne s’étend pas de manière efficace sur l’ensemble du territoire et du littoral. Par exemple, les côtes des iles adjacentes sont très faiblement régulées. Ainsi l’adaptation s’effectue surtout au niveau de l’adaptation réactive, avec pour objectif de mitiger les impacts des aléas climatiques. Des programmes plus structurels visant à réduire la dégradation des bassins versants – facteur d’inondation important – ou à mieux encadrer le développement côtier et l’utilisation des ressources côtières sont implémentés localement, à travers des financements internationaux, mais ne sont pas généralisés sur le territoire côtier.